En Espagne, le gouvernement de Castille prévoit d’obliger les médecins à proposer aux femmes, avant un avortement, d’écouter les battements de coeur du fœtus. Une mesure dénoncée par la plateforme Abortion Right. « Combien d’autres exemples faudra-t-il dénoncer avant que nos gouvernements réalisent qu’il est plus que temps de protéger ce droit à la santé ? »
C’est en prenant comme exemple la Hongrie de Viktor Orban et son programme misogyne et anti-avortement que le gouvernement de Castille-et-León – une alliance des conservateurs du Parti Populaire avec celui d’extrême droite Vox – a annoncé son intention d’obliger les médecins à proposer aux femmes en demande d’IVG à écouter les battements de cœur du fœtus. Moins de six mois après le vote de cette obligation en Hongrie, la Castille-et-León a tenté le coup, confiante de pouvoir imposer cette violence aux femmes enceintes, au vu du peu de réactions à l‘inique législation hongroise.
Comment notre indignation a-t-elle pu si facilement être balayée ? Comment, en septembre dernier, la loi hongroise a-t-elle pu passer sans secouer l’univers médiatique européen ? Passée presque sous silence, on serait à deux doigts d’en conclure que l’accès à l’IVG n’est plus un combat, et surtout qu’il n’est plus un combat à défendre.
C’est là tout le paradoxe de l’accès à l’avortement : en le rendant légal, le combat public s’est endormi ; la légalisation n’a toutefois levé ni les entraves ni les tabous, ni permis une garantie d’accès à ce droit fondamental des femmes de décider de leur vie, et de choisir de devenir mère ou pas. La stratégie mise en œuvre par les mouvements intégristes et conservateurs est globale et s’exerce sur l’ensemble de la planète.
Ce qui vient de se passer en Castille est une nouvelle preuve des menaces réelles et récentes sur les droits sexuels et reproductifs des femmes
L’Europe, qui reste le continent le plus favorable à l’autonomie de décision des femmes, n’est pas épargnée. Beaucoup de femmes subissent des pressions morales et psychologiques qui insinuent que l’IVG est forcément un traumatisme ou qu’y avoir recours est irresponsable, voire criminel. On le sait peu, mais sur le continent, l’IVG est totalement illégale à Malte, à Andorre, au Liechtenstein et presque entièrement illégale en Pologne. Son accès est entravé, pas seulement en Hongrie comme dénoncé ci-dessus, mais également en Italie, ou dans des pays comme la Lituanie et la Lettonie. Ce qui vient de se passer en Castille est une nouvelle preuve des menaces réelles et récentes sur les droits sexuels et reproductifs des femmes.
Combien d’autres exemples faudra-t-il dénoncer avant que nos gouvernements réalisent qu’il est plus que temps de protéger ce droit à la santé et à la vie privée, en Belgique comme à l’étranger ?
En tant que membres de la plateforme Abortion Right, nous condamnons fermement la loi votée en Castille mi-janvier ; nous réitérons nos positions et nos combats : faire de l’accès pour toutes à l’IVG un enjeu de santé publique, un droit incontournable, défendu et sécurisé, partout dans le monde. Nous affirmons de même notre solidarité envers la population de Castille, et continuerons à nous battre pour entraver par tous les moyens ces mesures discriminatoires et sexistes où que ce soit et particulièrement en Europe.
La plateforme Abortion Right, coupole rassemblant les Fédérations de centres de planning familial et d’avortement ainsi que des associations de défense des droits des femmes.
Le titre est de la rédaction. Titre original: « Après la Hongrie, l’Espagne : nouvelle menace sur le droit à l’IVG. No pasarán ! »