À la demande de Christie Morreale, Ministre wallonne de la santé et de l’égalité des chances, notre association a mené, de juin à décembre 2021, la première enquête sur la précarité menstruelle en Fédération Wallonie-Bruxelles.
4133 personnes et 51 organismes de terrain ont répondu à cette enquête et plus de 100 témoignages ont été recueillis auprès de personnes étant ou non en situation de précarité menstruelle.
Les règles ont toujours généré de la gêne, de la honte et bien d’autres tabous à travers les pays et les cultures, alors même qu’environ la moitié de la population mondiale menstrue. Les nombreux stéréotypes qui gravitent autour des menstruations sont loin d’être anodins puisqu’ils renforcent de manière systémique la discrimination, l’exclusion et la stigmatisation des filles et des femmes au quotidien. Parallèlement, force est de constater que les femmes sont davantage touchées par la précarité. Intrinsèquement liée à la société patriarcale, cette réalité relève d’une accumulation de discriminations et de violences d’ordre économique, institutionnel, psychologique, physique, culturel et autres.
« J’ai envie de revendiquer cette particularité, d’arrêter de l’invisibiliser, d’arrêter de faire comme si c’était sale ou inapproprié. J’ai envie d’en parler, de le montrer pour casser ce réflexe d’invisibilisation très présent dans nos sociétés, quels que soient les milieux, les générations. »
Ce rapport pointe plus particulièrement une forme de précarité : la précarité menstruelle. Souvent associée à son aspect économique, la précarité menstruelle s’étend également aux domaines de l’éducation, de la santé et des installations publiques. Le manque d’accès à des protections périodiques adaptées et en suffisance ; à de l’information complète et accessible sur les menstruations ; à des soins et diagnostics adaptés à chaque fille et femme ; et à des sanitaires conçus pour une utilisation sécurisée et hygiénique des protections périodiques ; sont inhérents à la précarité menstruelle.
Selon notre enquête, la précarité menstruelle est bien présente en Fédération Wallonie-Bruxelles. Les résultats montrent effectivement que 3 répondantes sur 10 rencontreraient des difficultés financières liées à l’achat de leurs protections périodiques tous les mois (contre 32% des répondantes en Wallonie) et que 29% auraient utilisé autre chose, comme des mouchoirs, du papier toilette ou autre, pour remplacer leurs protections périodiques.
Bien qu’ils soient nombreux à se démener tous les jours pour lutter contre la précarité menstruelle en Belgique, comme en témoignent les différents acteurs actifs dans la lutte contre la précarité menstruelle, présents lors de notre assemblée des femmes et des associations 2022 qui avait pour thématique « Les enjeux de la lutte contre la précarité menstruelle » , il est important que cette problématique structurelle soit traitée par nos instances publiques, à la fois dans les domaines de l’économie, de l’éducation, de la santé et des installations publiques.
Face au défi de la précarité menstruelle qui touche des milliers de femmes en Belgique, les actions à entreprendre sont multiples. Une chose est certaine, il est impératif d’agir sur tous ses aspects, à savoir l’accès à des protections périodiques, l’accès à des soins, l’accès à de l’information et enfin, l’accès à des sanitaires adaptés.
Œuvrer pour la santé menstruelle des filles et des femmes est primordial pour lutter contre les différentes formes de discriminations, stigmatisations et exclusions que subissent celles-ci au quotidien. Il est nécessaire de susciter une prise de conscience générale quant aux conséquences qu’engendrent la précarité menstruelle, les stéréotypes et les croyances attenants aux menstruations sur la santé physique et mentale des filles et des femmes. La lutte pour la santé menstruelle est indispensable au renforcement des droits des femmes et de l’égalité des genres.
Pour en savoir plus sur les résultats de cette enquête, téléchargez le rapport en cliquant sur le lien ci-dessous :