Aujourd’hui, nous vous proposons un retour sur le changement de nom de certains auditoires à l’université de Louvain-la-Neuve. Pour en savoir plus nous avons décidé d’aller à la rencontre de Cloé Machuelle, présidente du Comac Louvain-la-Neuve pour en savoir davantage sur ce changement et l’impact qu’il aura.
Tout d’abord, qu’est-ce que le Comac ?
Le Comac, ça signifie : Changement, Optimisme, Marxisme, Activisme et Créativité. Il s’agit d’un mouvement étudiant national qui tient du parti politique PTB et PVDA. Ce mouvement a pour vocation de se battre pour un monde plus juste et ce à différents niveaux. On y retrouve des luttes féministes, antiracismes, climatiques. Mais aussi des conférences, l’aide aux réfugiés ou encore la création de la « bloque collective » pour permettre à tous les étudiants d’avoir les mêmes chances de réussir dans les études supérieures.
Sur les réseaux sociaux, lorsque les membres du Comac se retrouvent face à quelque chose qui les révoltes ou quelque que chose qu’ils trouvent positif, une situation sur laquelle il faut se battre ou sensibiliser, ils foncent. C’est ce qu’ils ont fait avec les noms d’auditoires.
Ils ont encore énormément de combats à mener. Ils veulent qu’il n’y ait plus d’agressions sexuelles sur le campus. Que l’écart salarial et des pensions disparaissent. Que les filles puissent porter ce qu’elles désirent dans les rues sans avoir peur.
Petit à petit, ils gagnent des combats, ils sensibilisent, bien qu’il reste encore beaucoup à faire. Cloé nous rappelle d’ailleurs la citation de Simone de Beauvoir : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. » Il est donc important de rester vigilante et vigilant, car c’est aussi une affaire d’homme précise-t-elle.
« J’espère que l’UCLouvain s’est rendu compte de l’absurdité de la situation »
Cloé nous explique que cela fait maintenant 8 ans qu’elle est étudiante à Louvain-la-Neuve et que, depuis son arrivée dans la ville estudiantine, elle est scandalisée par les noms presque exclusivement masculins affichés en ville.
C’est lors d’une réunion avec Comac que le sujet a été abordé et qu’ils ont proposé l’idée de faire une publication sur cette réalité. Cette dernière a d’ailleurs eu un grand succès au vu du nombre de vues et de partages, témoignant du nombre de personnes également scandalisées par ça.
Ce qu’ils ne savaient pas au moment de la publication, c’est que d’autres collectifs de Louvain-la-Neuve se bougeaient déjà sur ce problème : l’AGL (Assemblée Générale des étudiant·e·s de Louvain) et l’Angela (kot-à-projet féministe inclusif à visée intersectionnelle et convergente de Louvain-la-Neuve).
L’UCLouvain a donc pris en considération cette revendication générale, officialisant que des changements de noms seraient faits pour la rentrée académique prochaine. Les différents collectifs restent donc vigilants quant à sa mise véritable en œuvre de ce changement au vu du délais évoqué. Ils soulignent qu’une année est longue pour un « simple changement de plaque ». La présidente du Comac rajoute qu’elle espère que l’UCL s’est rendu compte de l’absurdité de la situation.
« On a le droit d’être badass ! »
La présence de tous ces noms d’hommes et l’absence de ceux de femmes n’est pas anodin et Cloé nous l’explique très bien :
Le souci avec cette omniprésence des hommes dans l’espace public, c’est que cela a un impact sur les jeunes femmes, mais également sur les adultes.
Depuis toutes petites, nous sommes baignées dans ces images des « Grands Hommes de l’Histoire ». Et quand tu arrives à l’université à 18 ans, tu te retrouves presque exclusivement face à des modèles masculins. Ça ne va pas, parce que cela joue sur notre conception de ce qu’est « être une grande femme d’un point de vue de la société ». Or, les femmes ont aussi joué un rôle très important dans l’histoire. Pourtant, on les oublie, elles sont totalement invisibilisées et reléguées au rang du privé.
Ce changement aura vraiment un impact, ce n’est pas juste symbolique. Actuellement, quand on pose la question « Cite-moi 5 hommes de l’histoire » la réponse vient directement. Mais si on pose la même question avec des femmes, un temps de réflexion sera de mise. Ce n’est pas normal. C’est pour cette raison qu’il est aussi important d’enseigner dans les cours d’histoire les femmes qui en font partie. Il y en a énormément qui composent cette histoire, sans oublier toute celles invisibilisées sous la plume d’un homme ou qui se sont fait voler leur travail par ces derniers.
Il est temps de cesser de les invisibiliser, de nous invisibiliser. On existe et on a le droit d’exister. On a le droit de faire de grandes choses et qu’elles soient reconnues comme tel. On a le droit d’être badass.
Bien entendu, la question n’est pas une volonté d’enlever le nom des hommes dans le sens où il n’y a aucune haine envers eux. C’est juste une volonté de parité, d’être présente sur l’espace public. Cela dit, s’il y en avait un en particulier qui pourrait être supprimé ce serait Coubertin. Ce dernier étant relativement problématique dans certains de ses propos, notamment dans son souhait que les femmes ne soient pas présentes aux Jeux Olympiques. Pourtant, cet homme est énormément représenté dans les facultés de sciences physiques et kiné. Il y a aussi la place Coubertin à Louvain-la-Neuve, sans oublier les nombreux auditoires à son nom, les « coub ».
Sophie Bruno
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